Jusqu'au XVIIIe siècle, en général les filles de musiciens et les femmes aisées pouvaient apprendre à lire et écrire une partition. Dès l'ouverture du Conservatoire (1795) toutes les demoiselles ont pu accéder à cette connaissance. J'ai non seulement dressé un Dictionnaire des musiciennes de 1795 à 1871 et au-delà, mais ajouté les articles de presse qui sont consacrés à chacune d'elles et souligné les partitions de valeur. Cet ouvrage ne demande qu'à être publié.
Malheureusement les compositrices qui font l'objet d'études restent en nombre très limité et avec des vues partiales. Par exemple, Catherine LEGRAS mentionne dans son gros ouvrage sur Louise Farrenc (L'Harmattan, 2003) une lettre où l'enseignante du Conservatoire se plaint de son faible salaire par rapport aux hommes ; ce livre – comme tant d'autres - oublie de préciser qu'à ce moment, elle n'a aucun diplôme, n'a aucune renommée internationale, voire nationale ! Aucune rédactrice ne s'apitoie pas sur ses autres collègues féminines diplômées qui ne touchent aucun salaire, ni sur Berlioz – Premier Grand Prix de Rome – si peu rémunéré qu'il est contraint d'aller en Russie pour gagner quelque argent afin de pouvoir exercer son art et subvenir aux besoins, entre autres, de son épouse.
Malgré l'officialisation, en 1904, du mot « compositrice » par l'Académie française, en 2003 Michèle Friang publie Augusta Holmes, une femme compositeur, et le site internet de Christine Géliot s'intitule Mel Bonis, femme compositeur. Dit-on une « femme coiffeur » ou une coiffeuse ? Qu'en pensent les féministes qui luttent pour la féminisation des termes de métier ?
BRENET Thérèse, née à Paris en 1935, après cinq premier prix de composition au Conservatoire National Supérieur de Paris, y fut enseignante. Devenue Premier Grand Prix de Rome, parmi ses multiples œuvres, bornons-nous à citer son oratorio, Clamavit, jouée pour représenter la France à la Tribune des compositeurs de l'UNESCO, en ... 1966 ! Sa centaine de partitions n'a pas ému, jusqu'à ce jour les musiciennes, musicologues et les médias féministes. Qui a entendu jouer ses pages ou des extraits de ses deux CD ? Qui connaît son existence que j'ai eu l'honneur de raconter et publier ?
Voir aussi :
» la biographie de Thérèse Brenet
» le knol de Paul Wehage
